«L’avenir de l’Afrique se trouve en Afrique et la solidarité est une clé. En plus de sa jeunesse, qui constitue la force de base pour le développement du continent ».
«Réaliser le siècle de l’Afrique» est la thématique du panel auquel a pris part à Davos, la cheffe du gouvernement, Nejla Bouden.
Bouden avait co-présidé ce débat, avec la directrice exécutive de l’Onusida et Secrétaire générale adjointe des Nations unies, Winnie Byanyima, le président de la Confédération suisse et chef de département fédéral de l’Intérieur, Alain Berset, et le président du groupe Multichoice Services, Imtiaz Patel, grand groupe sud-africain opérant dans les loisirs et le broadcasting.
La Cheffe de gouvernement a notamment affirmé qu’«il est temps pour l’Afrique de se prendre en charge face aux crises importées (pandémie) dont la pauvreté, les changements climatiques et autres».
Afin d’atteindre cet objectif, Bouden a évoqué quatre priorités pour ce continent. Il s’agit, d’abord, d’investir dans le potentiel humain et le renforcement des capacités dans tous ses aspects.
En second plan, elle a évoqué le renforcement de la résilience climatique des pays africains et la nécessité de tirer meilleur profit du potentiel énorme du continent en matière d’énergies renouvelables.
La troisième priorité consiste, selon la Cheffe du gouvernement, à booster la connectivité continentale à travers la mise en œuvre d’accords très importants, dont celui de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui profiteraient, à tous les pays du continent.
Quant à la quatrième priorité, Bouden a mis l’accent sur la nécessité de développer la coopération Sud-Sud, triangulaire et internationale.
«Il faut en outre identifier de nouveaux moyens et mécanismes pour réfléchir en dehors de la boîte en faveur d’un continent plus durable et plus innovant», a-t-elle dit.
«L’avenir de l’Afrique se trouve en Afrique et la solidarité est une clé», a encore affirmé la Cheffe de gouvernement, rappelant que la Tunisie œuvre à renforcer la coopération triangulaire Sud-Sud et à booster la mise en œuvre de la Zlecaf.
«La coopération internationale et multilatérale est absolument essentielle pour réussir la transformation de l’Afrique», a-t-elle encore dit.
«Un continent qui n’est pas facile»
Pour sa part, le président du groupe Multichoice Services, Imtiaz Patel, a déclaré que l’Afrique dispose aujourd’hui d’un potentiel énorme de diversité et de développement dans plusieurs domaines (énergies solaire, éolienne) et le fait que sa population, notamment sa jeunesse, soit de plus en plus portée sur la technologie et le numérique aiderait à réaliser les objectifs escomptés.
Il a toutefois plaidé en faveur d’une approche macroéconomique, pour pouvoir investir et développer des initiatives dans un «continent qui n’est pas facile».
«Il faut comprendre les spécificités de chaque pays et prendre en considération les approches locales afin de conférer une crédibilité sur les actions dans ce domaine», a-t-il expliqué. De son côté, le Président de la Confédération suisse, Alain Berset, a souligné la nécessité de mettre en place des écosystèmes innovants et des infrastructures pour pouvoir travailler et créer des partenariats en Afrique.
« Pour mettre en place ces écosystèmes, il faut d’abord investir dans l’éducation, les universités, la formation professionnelle, le rapprochement entre les industriels », estime Berset, qui a évoqué l’expérience de la Suisse en Afrique en matière de blockchain.
La directrice exécutive de l’Onusida et Secrétaire générale adjointe des Nations unies, Winnie Byanyima, a insisté sur l’importance de revoir les règles générales de coopération pour que l’Afrique ait la marge et l’espace pour innover et créer de la richesse et la valeur ajoutée.
Car, selon elle, «l’Afrique a besoin d’un soutien politique, technique et financier pour prévenir les pandémies», a-t-elle noté, faisant remarquer que les entreprises locales ne manquent pas de potentiel d’innovation, mais elles ne sont pas parfois traitées à pied d’égalité avec notamment certaines multinationales.
Elle a donné l’exemple d’une entreprise sud-africaine qui a développé un vaccin similaire à celui développé par Moderna pendant la pandémie Covid-19, mais elle n’a pas été autorisée ni soutenue pour commercialiser son produit.
Le panel a été organisé par le Forum de Davos en collaboration avec la chaîne publique sud-africaine (South African broadcasting (Sabc), la chaîne la plus populaire en Afrique du Sud. Le débat s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par les organisateurs du Forum en vue de braquer le projecteur sur le potentiel humain de l’Afrique, connue pour la jeunesse de sa population et ses potentiels de croissance économique.
L’Afrique détient, en effet, 65 % des terres arables non cultivées dans le monde, possède un vaste potentiel d’énergie renouvelable et une abondance de minéraux essentiels à la transition énergétique en plus de sa jeunesse, qui constitue, selon la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, «la force de base» pour le développement du continent.
A noter enfin que l’édition 2023 du Forum de Davos avait enregistré la participation d’environ 1.500 dirigeants du secteur privé, dix chefs d’Etat et de nombreux chefs de gouvernements africains.
De l’envoyée de TAP Meriem Khadhraoui